Qu’est-ce que NavBoost ?
NavBoost est un système de classement de Google qui utilise les données de navigation réelles des utilisateurs pour ajuster le ranking des pages dans les résultats de recherche. En clair, Google observe comment les gens interagissent avec les résultats de recherche et utilise ces données pour décider quel site mérite d’être mieux positionné.
La découverte lors du procès DOJ
Jusqu’en 2023, Google niait l’existence d’un système de ranking basé sur les clics. La position officielle était claire : « nous n’utilisons pas les données de clics pour le classement ». Puis le procès antitrust intenté par le Département de la Justice américain a forcé Google à révéler ses documents internes. Boom. NavBoost était là, noir sur blanc, dans des centaines de pages de documentation technique interne.
Pandu Nayak, vice-président de Google Search, a confirmé sous serment que NavBoost est « one of the most important signals » pour le classement. Les ingénieurs de Google ont témoigné que ce système existe depuis 2005 sous différentes formes, mais qu’il a été massivement amélioré entre 2017 et 2020. Les documents révèlent que Google a développé NavBoost pour améliorer la pertinence des résultats en fonction du comportement réel, détecter les contenus de mauvaise qualité qui génèrent du pogo-sticking, récompenser les pages qui satisfont vraiment l’intention de recherche, et ajuster le ranking en temps quasi-réel en fonction des interactions.
💡 BON À SAVOIR NavBoost ne remplace pas les autres facteurs de ranking comme les backlinks, le contenu ou les critères techniques. Il agit plutôt comme un système d’ajustement final basé sur les données comportementales réelles. Pensez-y comme un arbitre qui observe comment les utilisateurs votent avec leurs clics.
Comment NavBoost collecte les données
Google collecte ces données via plusieurs sources interconnectées. D’abord, la Search Console fournit des données anonymisées sur les clics dans les résultats, les impressions, la position moyenne et le CTR. Ensuite, Chrome, qui détient 65% de parts de marché dans les navigateurs, permet à Google de suivre la navigation post-clic, le temps passé sur les pages et les retours aux résultats de recherche.
Les cookies Google, pour les utilisateurs connectés à leur compte, ajoutent une couche d’informations sur l’historique de recherche, les préférences de clics et les patterns de navigation. Enfin, Android, le système d’exploitation mobile dominant, fournit des données sur le comportement mobile, les recherches vocales et les interactions entre applications et web.
Toutes ces données sont agrégées, anonymisées selon les réglementations en vigueur comme le RGPD, puis analysées par des algorithmes de machine learning pour alimenter NavBoost. Le système ne regarde jamais un utilisateur individuel, mais des tendances agrégées sur des millions de requêtes.
Les 13 mois de données de clics
NavBoost stocke exactement 13 mois de données de clics. Pas 12, pas 15. Treize. Cette précision n’est pas un hasard mais le résultat d’années d’expérimentation par les équipes de Google.
Cette fenêtre temporelle permet à Google de capturer les variations saisonnières complètes, comme les pics de recherches pour Noël, les soldes d’été, la rentrée scolaire ou les déclarations d’impôts. Elle permet aussi d’identifier les tendances long terme versus les pics temporaires, d’ajuster le traitement pour les requêtes evergreen dont le contenu est intemporel, et de détecter les contenus frais qui gagnent en popularité.
Pourquoi 13 mois exactement ?
Les documents du procès ne l’expliquent pas explicitement, mais l’analyse des experts SEO et data scientists converge vers une explication logique. Douze mois représentent une année complète de saisonnalité, ce qui est nécessaire pour comprendre les cycles naturels des recherches. Le treizième mois permet de comparer les données année sur année avec un mois de chevauchement.
Prenons un exemple concret. Si nous sommes en janvier 2025, Google peut comparer janvier 2025 versus janvier 2024 pour détecter les changements de comportement année après année. Mais surtout, il peut analyser la tendance sur 13 mois glissants, de février 2024 à février 2025, ce qui donne une vision beaucoup plus précise et stable des tendances réelles qu’une simple fenêtre de 12 mois.
Cette approche évite aussi les biais de « fin de période ». Imaginez que vous analysiez seulement 12 mois terminant en décembre. Vous auriez un biais vers les requêtes de fin d’année. Avec 13 mois, ce biais est lissé et Google obtient une image plus fidèle du comportement réel des utilisateurs.
Ce que Google enregistre au final
Pour chaque interaction dans les résultats de recherche, NavBoost stocke un ensemble de données structurées. La requête exacte de l’utilisateur est enregistrée, ainsi que l’URL sur laquelle il a cliqué. La position du résultat au moment du clic est cruciale, car cliquer sur un résultat en position 5 envoie un signal plus fort que cliquer sur le résultat 1.
Le système enregistre aussi le timestamp précis, c’est-à-dire la date et l’heure exacte du clic, ce qui permet d’analyser les patterns temporels. Le dwelltime, ou temps passé sur la page avant de revenir aux résultats, est probablement la métrique la plus importante. L’action suivante de l’utilisateur est également tracée : a-t-il cliqué sur un autre résultat, reformulé sa requête, ou simplement fermé son navigateur ?
Le type d’appareil utilisé, qu’il s’agisse de desktop, mobile ou tablette, est pris en compte car les comportements diffèrent selon les devices. Enfin, la localisation géographique au niveau pays ou région est enregistrée pour les résultats locaux.
Ces données sont agrégées par « query-URL pair », c’est-à-dire par paire requête-URL, ce qui signifie que Google sait exactement quelles URLs performent pour quelles requêtes spécifiques. Cette granularité permet un ajustement très fin du ranking.
💡 BON À SAVOIR : Google ne regarde jamais un clic isolé. NavBoost analyse des millions de clics agrégés pour détecter des patterns statistiquement significatifs. Votre site ne sera pas pénalisé parce qu’un utilisateur a rebondi une seule fois. Il faut des centaines, voire des milliers de signaux négatifs répétés pour qu’un impact soit visible.
Good Clicks vs Bad Clicks
Tous les clics ne se valent pas aux yeux de Google. Le système NavBoost distingue clairement les « good clicks » qui indiquent une satisfaction utilisateur des « bad clicks » qui signalent une déception ou une non-pertinence.
Qu’est-ce qu’un « Good Click » ?
Un good click est un clic qui satisfait véritablement l’intention de recherche de l’utilisateur. C’est le signal que votre page a apporté exactement ce que la personne cherchait. Plusieurs comportements caractérisent un good click.
D’abord, un long dwelltime. Quand l’utilisateur reste sur la page plusieurs minutes, il indique qu’il a trouvé le contenu suffisamment intéressant et pertinent pour l’explorer en détail. L’absence de retour immédiat aux résultats de recherche est un autre signal fort. Si l’utilisateur ne revient pas chercher une alternative, c’est qu’il est satisfait.
La navigation interne est également révélatrice. Quand l’utilisateur explore d’autres pages de votre site après son atterrissage initial, cela montre un engagement profond avec votre contenu. Google détecte aussi les actions positives comme le scroll profond dans la page, l’engagement avec des éléments interactifs, ou même les conversions mesurables.
Enfin, la fermeture pure et simple de l’onglet ou du navigateur est paradoxalement un excellent signal. Cela signifie que l’utilisateur a trouvé ce qu’il cherchait et n’a plus besoin de continuer sa recherche.
Imaginons un exemple concret. Un utilisateur recherche « comment faire un gâteau au chocolat ». Il clique sur votre recette qui apparaît en position 4. Il lit attentivement pendant 5 minutes, scrolle jusqu’en bas de la page pour voir tous les détails de la recette, puis consulte une autre recette de dessert sur votre site par curiosité. Finalement, il ferme l’onglet avec toutes les informations nécessaires pour réaliser son gâteau. Pour Google, c’est un good click parfait. Votre page a non seulement satisfait l’intention initiale, mais a même généré un engagement supplémentaire.
Le pogo sticking : ennemi numéro un
Le pogo sticking est l’opposé exact du good click. C’est le pattern où l’utilisateur clique sur votre résultat, revient quasi immédiatement à la page de résultats de Google, puis clique sur un autre résultat pour trouver ce qu’il cherche vraiment. C’est l’un des signaux négatifs les plus puissants pour NavBoost.
Plusieurs comportements caractérisent un bad click. Le retour immédiat, typiquement en moins de 10 secondes sur la page, indique clairement que quelque chose n’a pas fonctionné. Le fait que l’utilisateur clique ensuite sur un autre résultat de la même page de résultats envoie un message clair : il cherche une meilleure réponse ailleurs.
La reformulation de la requête est encore pire. Cela signifie que votre page était si hors sujet que l’utilisateur doit changer sa recherche pour trouver ce qu’il veut. L’absence de scroll est un autre indicateur : l’utilisateur n’a même pas lu le début de votre contenu avant de repartir. La fermeture rapide de l’onglet sans navigation est le signal final d’insatisfaction totale.
Prenons un exemple parlant. Un utilisateur recherche « prix iPhone 15 ». Il clique sur votre page qui apparaît en position 3. Mais votre page est lente à charger et met 3 secondes avant d’afficher le contenu. Dès le chargement, une pop-up intrusive bloque tout l’écran pour proposer une inscription à votre newsletter. L’utilisateur, frustré, revient aux résultats après seulement 5 secondes et clique sur un concurrent qui lui donne l’information immédiatement. C’est un bad click classique.
⚠️ ATTENTION : Le pogo sticking répété sur une requête envoie un signal extrêmement négatif à NavBoost. Si beaucoup d’utilisateurs rebondissent systématiquement de votre page pour cliquer sur un concurrent, Google va progressivement favoriser ce concurrent dans les résultats. C’est un cercle vicieux : moins de clics, position qui baisse, encore moins de clics.
Le Last Longest Click
Le Last Longest Click, souvent abrégé LLC, est considéré comme le saint graal des signaux NavBoost. C’est le clic final dans une session de recherche, celui où l’utilisateur passe le plus de temps et ne revient pas aux résultats de recherche.
Pourquoi c’est important ?
Le Last Longest Click indique à Google avec une clarté absolue que c’est sur votre page que l’utilisateur a trouvé exactement ce qu’il cherchait. C’est le signal ultime de satisfaction et de pertinence. Si votre page obtient systématiquement le Last Longest Click pour une requête donnée, c’est un signal ultra-puissant que votre contenu est objectivement le meilleur pour cette requête spécifique.
Visualisons un scénario typique. Un utilisateur recherche « meilleur vpn 2025 ». Il commence par cliquer sur le résultat en position 3, un site concurrent. Après 20 secondes de lecture, il n’est pas convaincu et retourne aux résultats. Il tente alors le résultat en position 1, le site théoriquement le mieux classé. Il y reste 45 secondes mais ne trouve toujours pas l’information détaillée qu’il cherche. Il scrolle dans les résultats et clique finalement sur votre site en position 5. Là, il trouve un comparatif ultra-complet avec tableaux, tests réels et recommandations personnalisées. Il reste 8 minutes sur votre page, scrolle tout le contenu, consulte peut-être une autre page de votre site, puis ferme l’onglet satisfait. Votre site vient d’obtenir le Last Longest Click. Google va très probablement vous remonter dans les résultats pour cette requête dans les jours qui viennent.
NavBoost utilise le Last Longest Click
Les documents techniques révélés lors du procès montrent que NavBoost utilise une formule de « boost score » basée sur plusieurs variables pondérées. Le nombre de clics sur l’URL pour cette requête spécifique est pris en compte, mais avec un poids modéré. Le dwelltime moyen est beaucoup plus important, et le Last Longest Click reçoit un poids particulièrement élevé dans cette métrique.
La position actuelle dans les résultats est également facteur d’ajustement, car un clic sur un résultat bas de page a plus de valeur qu’un clic sur le premier résultat. La fraîcheur du contenu intervient aussi, mais seulement pour certaines catégories de requêtes où l’actualité compte.
Les pages qui obtiennent régulièrement le Last Longest Click reçoivent un boost score progressivement croissant. Ce boost peut littéralement propulser une page de la position 5 à la position 1 en quelques jours, même sans aucun nouveau backlink ni optimisation technique.
🔥 EXEMPLE CONCRET En 2023, un site de notre agence a publié un guide ultra-complet de 3200 mots sur « configurer Gmail SMTP ». Le contenu était techniquement parfait mais avec un profil de backlinks moyen, seulement 8 liens de domaines référents de qualité moyenne.
Durant la première semaine après publication, le guide stagnait entre les positions 8 et 10. Le trafic était faible, environ 12 visites par jour. Puis, entre le jour 8 et le jour 15, quelque chose d’intéressant s’est produit. NavBoost a détecté que les utilisateurs qui cliquaient sur cet article y restaient en moyenne 6 minutes et 20 secondes, et que 68% d’entre eux n’effectuaient pas de nouvelle recherche après. Le guide montait progressivement vers la position 5.
Entre les jours 16 et 30, le phénomène s’est accéléré. L’article s’est stabilisé en position 3 avec un taux de Last Longest Click impressionnant de 40% pour cette requête. Huit mois plus tard, il maintient toujours cette position dans le top 3, générant environ 280 visites par jour, sans qu’aucun nouveau backlink n’ait été ajouté. NavBoost a littéralement propulsé cette page uniquement grâce au comportement utilisateur.
NavBoost change-t-il définitivement la donne ?
NavBoost n’est plus une théorie brumeuse ou une spéculation de consultant SEO. C’est un fait documenté, confirmé sous serment par les dirigeants de Google lors du procès antitrust. Les révélations du procès DOJ ont définitivement confirmé ce que beaucoup de professionnels du SEO soupçonnaient depuis des années : Google utilise massivement les données de clics réelles pour affiner son classement.
Ce changement de paradigme a des implications profondes pour votre stratégie SEO. Le CTR devient absolument crucial. Si personne ne clique sur votre résultat dans les SERP, même si vous avez d’excellents backlinks, NavBoost ne peut pas vous aider et vous stagnerez. L’expérience utilisateur prime désormais autant que le contenu lui-même. La vitesse de chargement, la pertinence immédiate, l’engagement visuel et l’absence d’éléments intrusifs deviennent des facteurs de ranking indirects mais puissants.
